Présentation de l'Editeur
Ces « Bêtes qu'on appelle sauvages » nous offrent mieux qu'une lecture : une évasion. Le
cadre, les acteurs sont inhabituels et l'intérêt s'en trouve accru.
« Dans une boucle du Niger, aux confins du pays des Mossis, chez les Bobos », un
homme blanc « travaille de son cerveau et de ses mains ». En plus de ses travaux, il s'intéresse aux bêtes de la brousse; il les aime, et prétend s'en faire
des amies, par la douceur et la bonté. Et les relations d'homme à bêtes sont racontées simplement, avec beaucoup de sensibilité, d'émotion, d'humour aussi.
  Le décor est dépeint avec un rare bonheur : la chaleur accablante, la végétation des tropiques, les bons noirs naïfs et malins tout à la fois, sont évoqués en peu
de mots, par touches légères, comme un fond de tableau, mais avec tant de précision que, suivant la formule banale, « on croit y être. »
Dès l'âge de
12 ans les jeunes s'intéresseront à Ouarä la lionne, à Tân l'antilope, à Kho-Kho le marabout, et à toutes ces bêtes auxquelles André Demaison s'est attaché et qu'il sait
rendre sympathiques, intéressantes ou amusantes.
G. F. 12 à 20
FICHE TECHNIQUE DU LIVRE
Titre : Les bêtes qu'on appelle sauvage
Auteur : André DEMAISON
Edition : ÉDITIONS G. P.
DÉPARTEMENT DES PRESSES DE LA CITÉ
est le trente-neuvième de la
COLLECTION SOUVERAINE
ILLUSTRATIONS DE JEAN CHIÈZE
Couleurs pleine page hors - texte et
noir & blanc pleine page hors-texte et in texte.
Dans un pays de la boucle du Niger
Des chasseurs tuèrent une mère lionne
Tout en elle marquait la méfiance
Bientôt le bec ne suffit plus
Elle choisissait de petits bois éparpillés
Une chèvre indigène lui fut donnée
Nagô était vêtu d'une cotte sans manches
« Maintenant, chacun de son côté,n'est-ce pas! »
Le troupeau parvint au double ruban de fer
Parfois, écartés l'un de l'autre, ils rêvaient
Les trois malheureux se confiaient vraiment leur détresse
Devant la machine, Tân hésite
Il se mit à flairer l'espace, du côté du Maroc
Les nerfs à vif, Zib hurlait d'émotion
La génisse se débat, essaie de remonter la berge
Alors, c'est la ruée infâme dans la nuit
© COPYRIGHT 1950 BY EDITIONS G. P. PARIS
Dépôt légal n° 2261 - 1er trimestre 1972 Janvier 1972
Il a été imprimé
par l'Imprimerie
Bernard Nerolles-Lescaret
à Paris
Photogravure S. T. O.
Reliure : Cartonnée à dos rond
Nombre de pages : 191 TABLE DES MATIÈRES : NON
Poids : 435 grammes Format : 145 x 205 mm
I.S.B.N : NON Code Barre = EAN : NON
Printed in France
Livre épuisé chez l'Editeur
COUVERTURES année 1972
ANNEXE
Les bêtes qu'on appelle sauvages, by André DEMAISON
Editeur : Editions G.P., Paris
A.S.I.N : B002T89AOS
EXTRAIT Les bêtes qu'on appelle sauvages, by André DEMAISON page 147

Tân s'approche encore. Une halte à chaque pas. Il veut se pencher à nouveau
sur ce puits de lumière. Son maître lui a montré le chemin, lui a donné l'exemple. La tête et le col baignés de chaleur, il flaire ces nouveautés, il contemple ces objets
aux mouvements égaux et infatigables, et dont les faces miroitent comme la rivière au soleil. Il écoute ces rumeurs si différentes de celles qu'il a entendues et de
celles qu'ont entendues, de la naissance à la mort, tous les cobas et toutes les antilopes de la Terre Chaude, et dans toutes les générations jusqu'à lui. Tous ces
anciens bruits de la nature hostile ou propice qui sont dans les cellules de sa tête et qui animent les muscles tendus de son corps, Tân ne les écoute plus. Ou plutôt, il
les recherche et ne les retrouve plus. Il n'entend plus que les trois syllabes égales que la machine articule sans arrêt, à chaque détente de la vapeur. Ses muscles sont
raidis par la lutte incessante contre le roulis. Son cerveau est engourdi par la veille, saisi par le froid. Ce cerveau, logé sous les jeunes cornes, subit en même temps
une étreinte venue d'en haut et qui le pousse vers le trou béant; - la même étreinte qui faisait frissonner sa mère antilope quand elle voulait boire à une mare et que la
harde redoutait la chute d'une masse tachetée, armée de griffes et de crocs, sur le dos de l'un de ses membres.
Le bosco vient de passer en grommelant. Il a essayé de lancer un coup de pied à la bête. Le roulis le lui a fait
manquer. Le bosco n'a jamais caressé Tân, ne lui a jamais donné de pain, lui a toujours parlé d'une voix rude.
... Tân ne sait plus trop où il va, qui il est. Il ignore que la race des hommes compte aussi des
brutes. Il ne connaît bien, il n'aime que son maître. Et son maître dort dans ce froid, comme il dormait dans sa chambre au cours des nuits chaudes et paisibles. Heureusement que là, sous lui, la chaleur monte, sans flamme,
très douce contre son poitrail, la vraie chaleur qui ne trahit pas, et qu'il retrouve ici au milieu de l'univers en désordre.
Devant la machine qui répète sans trève le même mot, comme une révélation unique et
infatigable, comme un ordre obsédant, Tân hésite. Soupçonne-t-il que, dans la vie d'une antilope, il y a autre chose qu'une sombre coursive, du foin humide et salé, un bosco haineux et difforme, un sol vacillant et des
hommes, des hommes?... Justement, en bas, dans le gouffre lumineux, il vient de les entendre vivre, parler. L'un d'eux siffle. Manifestations, dans la nuit, de ces hommes faits comme le maître auquel il s'est donné.
En haut, soudain, des sabots martèlent la passerelle. C'est le bosco qui fait son quart ou sa tournée, le bosco et sa grimace de raté. Tân fait un pas de plus en avant, ses grands yeux noirs toujours fixés sur les
plateaux des cylindres, sur les tiges des pistons qui montent, descendent, remontent et redescendent sans effort, en souplesse. Tân fait encore un pas, bute au seuil de la porte relevé à hauteur du genou pour arrêter la
vague salée quand elle s'engouffre sous la coursive ou l'eau des pompes qui lave le pont. Son maître avait franchi cet obstacle, pour mieux voir tout à l'heure, et pour mieux respirer l'air chaud. Tân franchit le seuil et
pose une patte sur le paillasson qui recouvre un palier ajouré.
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André Demaison