Présentation de l'Editeur
De 1935 à sa mort, Albert Camus a tenu ce qu'il appelait ses Cahiers. Nous avons choisi le titre de « Carnets » pour ne pas entraîner de confusion avec « Les cahiers Albert Camus » en
préparation. Pour la période qui va de 1935 à 1953, il avait pris le soin de faire établir une copie dactylographiée : la comparaison avec le manuscrit original montre que l'auteur n'avait
apporté à ce dernier que fort peu de retouches. Ces Cahiers, au nombre de sept, feront la matière de trois volumes. Ce premier volume reproduit intégralement les notes qu'Albert camus écrivit de
1935 à 1942 et qui, sans constituer un journal à proprement parler, présentent une continuité suffisante pour que le lecteur y trouve l'essentiel de la réflexion qui accompagna l'élaboration
d'œuvres allant de L'Envers et L'Endroit à L'Etranger en passant par Noces et Le Mythe de
Sisyphe. Il est apparu utile d'ajouter à ces pages des renseignements biographiques nécessaires à leur intelligence et des notes qui signalent des correspondances avec les ouvrages
rappelés ci-dessus. M. Roger Quillot a bien voulu se charger de la rédaction de ces notes.
Mme Albert Camus, MM. Jean Grenier et René Char ont donné leur assentiment à cette publication.
FICHE TECHNIQUE DU LIVRE
Titre : Carnets
Auteur : Albert CAMUS
Edition : GALLIMARD nrf
mai 1935 - février 1942
Dépôt légal : 2e trimestre 1962.
N° d'éd. 8815. - N° d'Imp. 6901.
Imprimé en France
ACHEVÉ D'IMPRIMER
EN AVRIL 1962 PAR
EMMANUEL GREVIN et FILS
A LAGNY-SUR-MARNE
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation
résevés pour tous les pays, y compris l'U. R. S. S.
© 1962, by Éditions Gallimard.
Reliure : Broché sur carton souple éditeur
Nombre de pages : 252 TABLE DES MATIÈRES : NON
Poids : 205 grammes Format : 120 x 185 mm
I.S.B.N : NON Code Barre = EAN : NON
Livre épuisé chez l'Editeur
COUVERTURES
ANNEXE
Carnets, by Albert CAMUS
Editeur : Gallimard nrf, (1962)
A.S.I.N : B0000DQWAM
www.amazon.fr
EXTRAIT Carnets, by Albert CAMUS page 21
Prisonnier de la caverne, me voici seul en face de l'ombre du monde. Après-midi de janvier. Mais le froid reste au fond de l'air. Partout une
pellicule de soleil qui craquerait sous l'ongle mais qui revêt toutes choses d'un éternel sourire. Qui suis-je et que puis-je faire - sinon entrer dans le jeu des feuillages et de la lumière.
Etre ce rayon de soleil où ma cigarette se consume, cette douceur et cette passion discrète qui respire dans l'air. Si j'essaie de m'atteindre, c'est tout au fond de cette lumière. Et si je tente
de comprendre et de savourer cette délicate saveur qui livre le secret du monde, c'est moi-même que je trouve au fond de l'univers. Moi-même, c'est-à-dire cette extrême émotion qui me délivre du
décor. Tout à l'heure, d'autres choses et les hommes me reprendront. Mais laissez-moi découper cette minute dans l'étoffe du temps, comme d'autres laissent une fleur entre les pages. Ils y
enferment une promenade où l'amour les a effleurés. Et moi aussi, je me promène, mais c'est un dieu qui me caresse. La vie est courte et c'est péché que de perdre son temps. Je perds mon temps
pendant tout le jour et les autres disent que je suis très actif. Aujourd'hui c'est une halte et mon cœur s'en va à la rencontre de lui-même.
Si une angoisse encore m'étreint, c'est de sentir cet impalpable instant glisser entre mes doigts comme les perles du mercure. Laissez donc ceux qui veulent se séparer du monde. Je ne me
plains plus puisque je me regarde naître. Je suis heureux dans ce monde car mon royaume est de ce monde. Nuage qui passe et instant qui pâlit . Mort de moi-même à moi-même. Le livre s'ouvre à une
page aimée. Qu'elle est fade aujourd'hui en présence du livre du monde. Est-il vrai que j'ai souffert, n'est-il pas vrai que je souffre; et que cette souffrance me grise parce qu'elle est ce
soleil et ces ombres, cette chaleur et ce froid que l'on sent très loin, tout au fond de l'air. Vais-je me demander si quelque chose meurt et si les hommes souffrent puisque tout est écrit dans
cette fenêtre où le ciel déverse sa plénitude. Je peux dire et je dirai tout à l'heure que ce qui compte est d'être humain, simple. Non, ce qui compte est d'être vrai et alors tout s'y inscrit,
l'humanité et la simplicité. Et quand suis-je plus vrai et plus transparent que lorsque je suis le monde?
Edition Originale
Il a été tiré de l'édition originale de cet ouvrage quatre-vingt-dix exemplaires sur vélin de Hollande van Gelder, numérotés de I à 90 et trois cent dix exemplaires sur vélin pur fil Lafuma-Navarre numérotés de 91 à 400.
LIENS
Wikipédia
Albert CAMUS
Bibliographie
Albert CAMUS