Présentation de l'Editeur
Un couple passionnément uni, une de leurs amies, un homme séparé de ses semblables par un secret, et qu'une jeune femme autrefois rencontrée vient rejoindre, passent leurs vacances sur une plage solitaire proche d'un village corse. Si les deux hommes chassent avec le chasseur du village, c'est vers la plage qu'ils reviennent toujours : l'un pour y chercher à travers un violent amour une sorte d'épanouissement grave et lucide; l'autre pour y oublier les traces qu'a laissées sur son corps la cruauté du bourreau.
Comment cet homme marqué, qui vient sur la plage de découvrir l'amour, choisira d'en finir avec sa haine; comment son compagnon et leur ami le chasseur prendront ce combat à leur compte; comment quelque imprévisible destin les ramènera vers " la seule victoire juste ", telle est la progression de ce roman.
Le thème de la poursuite, celui des armes, celui de l'amitié s'y retrouvent, ainsi que la présence constante et agissante de la nature familière aux lecteurs de Pierre Moinot.
La cruauté y est posée comme le mal fondamental contre lequel combattent inlassablement ceux qui n'ont pour s'en défendre qu'une seule arme, la royauté de l'amour, et pour l'oublier qu'un seul refuge, l'éternité de la plage au soleil.
Pierre Moinot a déjà publié à la N. R. F. : Armes et Bagages, La Chasse Royale et La Blessure.
FICHE TECHNIQUE DU LIVRE
Titre : Le sable vif
Auteur : Pierre MOINOT
Edition : GALLIMARD nrf
roman
Dépôt légal : 2e trimestre 1963. - 1409
N° d'édition : 9594
Imprimé en France
ACHEVÉ D'IMPRIMER
LE 10 MAI 1963
PAR FIRMIN - DIDOT et Cie
LE MESNIL-SUR-L'ESTRÉE
(EURE)
Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction
résevés pour tous les pays, y compris l'U. R. S. S.
© 1963, Éditions Gallimard.
Reliure : Broché sur carton souple
Nombre de pages : 254 TABLE DES MATIÈRES : NON
Poids : 235 grammes Format : 470 x 730 x 18 mm
I.S.B.N : NON Code Barre = EAN : NON
EDITION ORIGINALE
Il a été tiré de l'édition originale de cet ouvrage soixante-six exemplaires sur vélin pur fil Lafuma-Navarre dont cinquante exemplaires numérotés de 1 à 50 et seize exemplaires hors commerce nominatifs réservés à l'auteur.
Il a été tiré en outre sur ce même papier et réservés au Club de l'Édition Originale soixante-quinze exemplaires numérotés de CI à C75.
CITATION
Mais la vision de la justice est le plaisir de
Dieu seul.
Rimbaud
COUVERTURES année 1963
ANNEXE
Le sable vif, by Pierre MOINOT
Editeur : Gallimard nrf, (1963)
A.S.I.N : B003QRS5II
DU MÊME AUTEUR
- ARMES ET BAGAGES
- LA CHASSE ROYALE
- LA BLESSURE
EXTRAIT Le sable vif, by Pierre MOINOT page 59
iL faisait frais sous l'acacia de la terrasse. Ils buvaient lentement un mélange d'anis et d'orgeat que Néca appelait « une mauresque », silencieux devant l'agitation de la rue où chaque passage de voiture divisait des groupes aussitôt reformés. L'auto de course s'amusait à traverser le village en accélérations saccadées et son échappement hurlait lorsqu'elle tournait en haut, près de la fontaine; sans doute à cause d'elle, une excitation inhabituelle faisait s'interpeller des voix, des rires se répondaient, les enfants fuyaient brusquement vers un ralliement inconnu. Des visages étrangers, plus nombreux qu'à l'ordinaire, entraient et sortaient des boutiques
Chez Néca, c'était le calme. Il y avait des castes très marquées dans le village, et des clans qui les fragmentaient. Celui qui fréquentait le café de Néca comptait quelques vieillards à gilet et chapeau noir et quelques hommes de fortune ou de pouvoir, puis leurs petits parents, puis leurs amis, ou des gens neutres qui allaient indifféremmment d'un café à l'autre pour affirmer leur abscence d'allégeance. Lortier prenait grand soin de ne pas heurter ces structures compliquées en invitant l'un ou l'autre à sa table, et les autres trouvaient de leur côté naturel de voir Françoise et Célia s'installer au milieu d'eux, contrairement à leur usage. Lortier soupçonnait même Cardoni d'être secrètement satisfait de la présence des femmes, de même qu'il était pressé de les aider lorsqu'elles voulaient monter sur des ânes dans les prés de Chioni. Le chasseur arrivait sous le platane, en chemise blanche boutonnée sans cravate, maigre, tanné, marchant lentement comme un chat.
Il tira une chaise vers leur table, mais se releva précipitamment pour serrer la main d'un homme assis derrière eux, petit, souriant, habillé avec beaucoup de soin. Lortier qui s'était retourné salua aussi.
- Est-ce vrai, cette histoire de course, Monsieur Colonna?
- Tout à fait vrai, dit l'homme dont la voix lente contrastait avec une grande vivacité. Jusqu'à ce soir nous pensions qu'ils choisiraient Piana, à cause des hôtels, mais de toute façon cela fait trop de monde pour un village.
- Où les mettras-tu ici, Pascal? demanda un vieux joueur de cartes.
- Ils resteront où ils sont, à la ville, pour eux, c'est tout près. Et lla caravane s'installera là-haut sur le plan de la fontaine.
- C'est étrange, quand on y pense, dit Jérôme.
- Vous voulez dire que leur choix est étrange?
- Non, oh non!
- C'est que ça ne s'accorde pas bien avec le village, dit Néca en remplissant les verres. Ca, nous le savons tous. N'est-ce pas Pascal?
- Toute la saison ici est étrange, dit Pascal Colonna en souriant. Savez-vous l'idée qu'ils avaient? Ils voulaient qu'on leur trouve deux ou trois maisons de pêcheurs, à n'importe quel prix, pour accrocher des filets sur les murs et pendre aux filets une exposition de bijoux. Pour des millions et des millions de bijoux, avec des coquillages.
- Pourquoi pas dans l'église? dit le vieux joueur de cartes.
- Mais tu as quand même accepté le concours de maillots, Pascal!
- Ca, si je l'avais refusé, vous m'auriez tous tiré dessus. Il y a beaucoup de jolies filles, François, dit-il à Néca, tu les verras toutes.
- Ma seule chance, c'est qu'elles aient soif, dit Néca au milieu des rires.
Françoise et Célia avaient acheté des journaux et des livres et Lortier les vit arrêtées sur le trottoir par un homme jeune et très élégant, qui paraissait leur demander quelque chose que Françoise montra d'un geste. L'homme la regardait avec insistance et Lortier vit le visage de Françoise se modifier instinctivement, se composer un sourire attirant et des yeux agrandis, comme on dispose un appât sur un piège. Et l'homme souriant lui aussi avançait vers ce piège et le savait. Il parlait toujours. Lortier l'épiait avec une crispation presque musculaire, le tressaillement d'un dormeur rêvant d'ennemi. L'homme salua et s'éloigna pendant que les jeunes femmes riaient toutes deux en échangeant rapidement des phrases que Lortier n'entendit pas. Françoise avait une expression heureuse et amusée lorsqu'elles prirent place à côté d'eux; avec effort Lortier lui demanda ce qu'elle voulait boire.
Elles connaissaient déjà les nouvelles du soir et s'interrogeaient sur la meilleure place pour tout voir, le jour de la course.
- Vous viendrez avec moi, dit Cardoni, je vous emmènerai où il faudra.
- Moi, ce qui m'intéresse, Monsieur Cardoni, dit Célia, ce sont les hommes. Tous les pilotes de course sont jeunes, beaux et vêtus de blanc, comme des anges.
Cardoni lui fit un clin d'œil en se retournant vers Pascal Colonna qui l'appelait :
- Un endroit d'où on peut avoir une très bonne vue sur la route, Antoine, tu connais ça? Pour la télévision.
- Oh! oui. Au-dessus de votre cimetière il y a une aire à blé; de là vous voyez quatre kilomètres de tournants. Soyez tranquille, dit-il à mi-voix penché vers Célia, on n'ira pas là. Le meilleur endroit je vous le garde.
Il y avait de plus en plus de monde dans la rue, et les détonations d'un incessant chassé-croisé de scooters accompagnaient l'auto bleue qui s'amusait à faire rugir son moteur dans la côte. Lortier gardait le silence, il examinait Françoise à la dérobée, il s'en voulait, il était plein de rancœur et l'idée de cette course l'agaçait. Sans être vue Françoise lui prit le poignet qu'elle caressa doucement, et d'un seul coup tout s'effaça, Lortier la retrouva intacte. Il se rapprocha d'elle.
LIENS
Wikipédia
Pierre MOINOT