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Néant
FICHE TECHNIQUE DU LIVRE
Titre : Les grands cimetières sous la lune
Auteur : Georges BERNANOS
Edition : Le Livre de Poche
4, rue de Galliéra, Paris
numéros de référence : 819 & 820
Dépôt légal n° 2195, 1er trimestre 1962. Texte intégral
BRODARD ET TAUPIN - IMPRIMEUR - RELIEUR
Paris - Coulommiers. - France.
05-583 - I - 2 - 5066
Poids : 120 grammes Nombre de pages : 435
Livre épuisé chez l'Editeur
© Librairie Plon, 1938.
Droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays,
y compris l'U. R. S. S.
Reliure : Brochée illustrée couleurs in recto
TABLE DES MATIÈRES : NON
Format : 110 x 165 mm
I.S.B.N : NON Code Barre = EAN : NON
EXTRAIT Les grands cimetières sous la lune, by Georges BERNANOS page: 161
L'épuration de Majorque a connu trois phases, assez différentes, plus une période préparatoire. Au cours de cette dernière, on nota sans doute des exécutions sommaires,
opérées à domicile, mais qui gardaient, ou semblaient garder le caractère de vengeances personnelles plus ou moins réprouvées par tous, et dont on se confiait les détails à
voix basse. C'est alors qu'apparut le général comte Rossi.
Le nouveau venu n'était, naturellement, ni général, ni comte, ni Rossi, mais un fonctionnaire italien, appartenant aux Chemises Noires. Nous le vîmes, un beau matin,
débarquer d'un trimoteur écarlate. Sa première visite fut pour le gouverneur militaire, nommé par le général Godet. Le gouverneur et ses officiers l'accueillirent poliment.
Ponctuant son discours de coups de poing sur la table, il déclara qu'il apportait l'esprit du Faiseau. Quelques jours plus tard, le général entrait avec son Etat-Major dans la
prison de San-Carlos, et le comte Rossi prenait le commandement effectif de la Phalange. Vêtu d'une combinaison noire, ornée sur la poitrine d'une énorme croix blanche, il
parcourut les villages, pilotant lui-même sa voiture de course, que s'efforçaient de rejoindre, dans un nuage de poussière, d'autres voitures remplies d'hommes, armés
jusqu'aux dents. Chaque matin les journaux rendaient compte de ces randonnées oratoires, où flanqué de l'alcade et du curé, dans un étrange sabir mêlé de majorquin, d'italien
et d'espagnol, il annonçait la Croisade. Certes le gouvernement italien disposait à Palma de collaborateurs moins voyants que cette brute géante qui affirmait un jour, à la
table d'une grande dame palmesane, en essuyant ses doigts à la nappe, qu'il lui fallait au moins « une femme par jour ». Mais la mission particulière qui lui avait
été confiée s'accordait parfaitement à son génie. C'était l'organisation de la Terreur.
Dès lors, chaque nuit, des équipes recrutées par lui opérèrent dans les hameaux et jusque dans les faubourgs de Palma. Où que ces messieurs exerçassent leur zèle,
la scène ne changeait guère. C'était le même coup discret frappé à la porte de l'appartement confortable, ou à celle de la chaumière, le même piétinement dans le jardin plein d'ombre
ou sur le palier, le même chuchotement funèbre, qu'un misérable écoute de l'autre côté de la muraille, l'oreille collée à la serrure, le cur crispé d'angoisse. - «
Suivez-nous! » - ... Les mêmes paroles à la femme affolée, les mains qui rassemblent en tremblant les hardes familières, jetées quelques heures plus tôt, et le bruit du
moteur qui continue à ronfler, là-bas, dans la rue. « Ne réveillez pas les gosses, à quoi bon? Vous me menez en prison, n'est-ce pas, señor? - Perfectamente », répond
le tueur, qui parfois n'a pas vingt ans. Puis c'est l'escalade du camion, où l'on retrouve deux ou trois camarades, aussi sombres, aussi résignés, le regard vague...
Hombre! La camionnette grince, s'ébranle. Encore un moment d'espoir, aussi longtemps qu'elle n'a pas quitté la grand-route.Mais voilà déjà qu'elle ralentit,
s'engage en cahotant au creux d'un chemin de terre. « descendez » Ils descendent, salignent, baisent une médaille, ou seulement l'ongle du pouce. Pan! Pan! Pan! -
Les cadavres sont rangés au bord du talus, où le fossoyeur les trouvera le lendemain, la tête éclatée, la nuque reposant sur un hideux coussin de sang noir coagulé. Je dis
le fossoyeur, parce qu'on a pris soin de faire ce qu'il fallait non loin d'un cimetière. L'alcade écrira sur son registre : « Un tel, un tel, un tel, morts de congestion
cérébrale. »
COUVERTURES
... sans plaisir et sans faiblesse, il a dénoncé tout ensemble les Imbéciles, les Traîtres, les Meurtriers et leurs complices et compères, tous les sacrilèges enfin.
Louis MARTIN-CHAUFFIER
ANNEXE
Les grands cimetières sous la lune, by Georges BERNANOS
Editeur : Le Livre de Poche
A.S.I.N : B0014YDG9S
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