Présentation de l'Editeur
Néant
FICHE TECHNIQUE DU LIVRE
Titre : Les jeux sauvages
Auteur : Paul COLIN
Edition : GALLIMARD nrf
43è édition
roman
ACHEVÉ D'IMPRIMER SUR LES PRESSES
DE L'IMPRIMERIE MODERNE, 177, AVENUE
PIERRE-BROSSOLETTE, A MONTROUGE
(SEINE), LE QUATRE DÉCEMBRE MIL NEUF
CENT CINQUANTE.
Dépôt légal : 4è trimestre 1950
N° d'édition : 2327 - N° d'impression : 1480
Imprimé en France.
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation
réservés pour tous les pays, y compris la Russie.
Copyright by Librairie Gallimard 1960.
Reliure : Broché sur carton souple.
Nombre de pages : 348 TABLE DES MATIÈRES : OUI
Poids : 345 grammes Format : 145 x 205 mm
I.S.B.N : Code Barre = EAN : NON
Livre épuisé chez l'éditeur.
EXTRAIT Les jeux sauvages, by Paul COLIN page 59
Or, ces oiseaux parfois, il nous arrivait de les tuer. Si, un jour, nous avions délivré une cane sauvage, prise au piège, nous partions aussi en
chasse armés du vieux fusil découvert par Jean-Jacques dans les greniers du château. Toutes les ruses nous étaient connues, cependant nous étions assez malhabiles, nos munitions étaient rares et
quelquefois le coup ne partait pas. La chance nous favorisait cependant et le gibier est si peu farouche en Sologne que nous parvenions tout de même à abattre un faisan ou quelque autre animal
sauvage. Lorsque nous manquions de cartouches, que l'humidité les avait rendues inutilisables ou qu'un besoin urgent de carnage nous pressait, nous nous approchions des fermes en longeant les
haies pour assommer une poule à coups de bâton.
Ces bêtes que nous avions tuées, avaient pour nous une valeur sacrée et l'idée ne nous serait pas venue de les réduire à une simple nourriture. Nous nous acharnions sur leur cadavre à
coups de pieds, arrachions par poignées leurs plumes sanglantes ou, les ayant jetées souvent tout entières dans un feu, nous nous soûlions de l'odeur de roussi qui ne tardait pas à s'en dégager;
la flamme tendait la peau de leur ventre qui n'en finissait pas de crever, puis se déchirait lentement en laissant échapper un flot de viscères nacrées.
Le jour où nous réussîmes à attrapper un coq vivant, Jean-Jacques ne résista pas à la tentation de lui trancher le cou avec ses dents; un get de sang chaud lui jaillit à la face. Hurlant
un de ces cris sauvages qu'il ne pouvait réprimer, il nous en jeta à la tête les entrailles fumantes, et tous, saisis d'une frénésie diabolique, nous nous mîmes à nous poursuivre avec de longs
chapelets de boyaux et des morceaux de chair sanguinolente.
A ces jeux, Claude et Denise se montraient encore plus enragées que nous. Au plus fort de l'excitation, petites déesses de la destruction, elles fermaient à demi les yeux sur leur cruauté
intérieure et dansaient une sorte de parade primitive en murmurant des psaumes guerriers sans doute hautement inspirés par les Puissances du Mal; il n'y était question que de sévices à exercer
sur les parents, les générations futures et l'espèce tout entière de la victime dont les entrailles leur servaient de bracelets et de colliers. Dans l'évocation des tortures raffinées elles
atteignaient au comble de la barbarie.
Cela se prolongeait souvent très tard dans la nuit et nous rentrions bien après l'heure du dîner. Peu importait, on ne s'occupait plus de nous. D'autres démons s'étaient emparés de nos
parents dont nous avions déjà oublié la présence.
COMMENTAIRE en ligne
Les jeux sauvages, by Paul COLIN
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CITATION
Dites-vous bien, je vous en supplie, que tout n'est qu'apparence, que tout n'est que symbole. Nous sommes des dormants qui crient dans leur sommeil.
LÉON BLOY
(Le Mendiant ingrat.)
ANNEXE
Les jeux sauvages by, Paul COLIN
Editeur : Gallimard (1950)
I.S.B.N-10 : B0000DY6JK
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LIENS
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Paul COLIN