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Néant
-Vous êtes un brave et digne soldat, dit M. de Rugès en lui tendant la main; le sentiment d'humanité que vous manifestez à l'égard de ces gens qui vous ont accablé d'injures est noble et généreux. Le gendarme prit la main de M. de Rugès et la serra avec émotion. « Notre devoir est souvent pénible à accomplir, et peu de gens le comprennent; c'est un bonheur pour nous de rencontrer des hommes justes comme vous, monsieur. » Léon et Jean avaient écouté avec attention le récit du gendarme. Les dames et les enfants s'étaient aussi rapprochés et avaient pu l'entendre également, de sorte que Léon et Jean n'eurent rien à leur apprendre. Les Léonard avaient recommencé leurs injures et leurs cris; ces dames pensèrent que, n'ayant rien à faire pour les Léonard, il était plus sage de s'éloigner, de crainte que les enfants ne fussent trop impressionnés de ce qu'ils entendaient. On avait été obligé d'éloigner Jeannette de ses parents, qui, tout garrottés qu'ils étaient, voulaient encore la maltraiter. Mmes de Fleurville et de Rosbourg, et le reste de la compagnie, se dirigèrent vers une partie de la forêt assez éloignée du moulin pour qu'on ne pût rien voir ni entendre de ce qui s'y passait. Les enfants étaient restés tristes et silencieux, sous l'impression pénible de la scène du moulin. M. de Rugès demanda à faire une halte et à étaler sur l'herbe les provisions que portait l'âne qui les suivait; ce moyen de distraction réussit très bien. Les enfants ne se firent pas prier; ils firent honneur au repas rustique; crème, lait caillé, beurre, galette, fraises des bois, tout fut mangé. Ils causèrent beaucoup de Jeannette et de ses parents. Reproduction interdite
Le page la mena, comme la veille, dans les salons où elle produisit plus d'effet encore; son air doux et bon, sa ravissante figure, sa tournure élégante, sa toilette magnifique, captivèrent tous les regards et tous les cœurs. Le roi Charmant, qui l'attendait, alla au-devant d'elle, lui offrit son bras et la mena jusque près du roi et de la reine. Orangine et Roussette crevaient de dépit à la vue de la nouvelle toilette de Rosette, elles ne voulurent même pas lui dire bonjour. Rosette restait un peu embarrassée de cet accueil; le roi Charmant, voyant son embarras, s'approcha d'elle et lui demanda la permission d'être son chevalier pendant la chasse dans la forêt. « Ce sera un grand plaisir pour moi, sire », répondit Rosette, qui ne savait pas dissimuler. - Il me semble, dit-il, que je suis votre frère, tant je me sens d'affection pour vous, charmante princesse; permettez-moi de ne pas vous quitter et de vous défendre envers et contre tous. - Ce sera pour moi un honneur et un plaisir que d'être en compagnie d'un roi si digne du nom qu'il porte. Le roi Charmant fut ravi de cette réponse; et, malgré le dépit d'Orangine et de Rosette et leurs tentatives pour l'attirer vers elles, il ne bougea plus auprès de Rosette. Après le déjeuner, on descendit dans la cour d'honneur pour monter à cheval. Un page amena à Rosette un beau cheval noir, que deux écuyers contenaient avec peine, et qui semblait vicieux et méchant. « Vous ne pouvez monter ce cheval, princesse, dit le roi Charmant, il vous tuerait. Amenez-en un autre », ajouta-t-il en se tournant vers le page. - Le roi et la reine ont donné des ordres pour que la princesse ne montât pas d'autre cheval que celui-ci, répondit le page. - Chère princesse, veuillez attendre un moment, je vais vous amener un cheval digne de vous porter; mais de grâce, ne montez pas celui-ci. - Je vous attendrai, sire, dit Rosette avec un gracieux sourire. Peu d'instants après, le roi Charmant reparut, menant lui-même un magnifique cheval, blanc comme la neige; sa selle était en velours bleu, brodée de perles; sa bride était en or et en perles. Quand Rosette voulut monter dessus, le cheval s'agenouilla, et ne se releva que lorsque Rosette fut bien placée sur sa selle. Le roi Charmant sauta lestement sur son beau cheval alezan, et vint se placer au côté de Rosette. Reproduction interdite
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